Contrôle aux frontières en Allemagne : une illusion de sécurité qui séduit les riverains de Nice, entre peur et résignation
À partir de lundi, l'Allemagne mettra en place des contrôles renforcés à ses frontières, une décision qui, à Nice, réveille des réflexes de protection et de fermeture.
Les habitants, situés à quelques kilomètres de l'Italie, applaudissent discrètement une mesure qui semble refléter une angoisse partagée.
Mais au-delà des mots rassurants, se dessine la trame d'une société qui ne sait plus très bien de quoi elle a peur.
L'Allemagne renforce ses frontières : une réponse sécuritaire face à l'immigration illégale
L'Allemagne, ce lundi, va réinstaurer des contrôles à ses frontières. Un retour en arrière pour un pays membre de l’espace Schengen, un symbole frappant de la fragilité d'une Europe sans frontières.
La cause officielle : freiner l’immigration clandestine, renforcer la sécurité après l'attentat de Solingen le 23 août dernier, commis par un migrant au nom de l’État islamique.
En parallèle, la montée de l’AfD, parti d’extrême droite allemand, dans deux régions du pays, a sans doute accéléré la mise en place de cette mesure.
Nice, porte d’entrée de nombreux migrants venus d’Italie, ne peut que se sentir concernée. Là, l'immigration n'est plus un phénomène abstrait. Elle se vit au quotidien, se cristallise dans les discours et les regards.
La peur, lentement, s'est installée.
Nice, entre satisfaction et inquiétudes : une frontière qui fascine
Fabienne, une infirmière niçoise, explique sur le site Europe1 qu'elle est favorable à l'idée que la France suive l'exemple de l'Allemagne. "Ce serait bien de renforcer nos frontières aussi. On éviterait les attentats", dit-elle d'un ton presque neutre.
Mais elle s’empresse de nuancer : "Je suis pour le libre-échange, nos jeunes doivent continuer à voyager." On sent ici une forme de contradiction, un désir de sécurité qui vient heurter les idéaux d'une Europe ouverte.
Alexandre, étudiant de 19 ans, abonde dans le même sens. La sécurité prime, selon lui, sur la libre circulation. "
Il faut réguler les entrées et les sorties, éviter que n'importe qui ne rentre dans notre pays. C'est une question de sécurité."
Sa jeunesse n’a pas connu l’époque où l’on passait des heures à la frontière, mais il en parle comme d’une évidence.
Une légitimité perçue, mais une solution contestée
Pour un avocat niçois interrogé encore une fois par Europe1, la mesure est légitime.
"C’est aux États de décider de leurs frontières. Si on contrôle à la frontière même, c'est du pragmatisme ; deux kilomètres plus loin, c’est de l’hypocrisie."
Une réflexion cynique qui montre bien à quel point la logique sécuritaire a pris le pas sur tout le reste.
Mais tout le monde n'est pas dupe.
Philippe, un sexagénaire, a connu l’époque des contrôles systématiques. Pour lui, fermer les frontières ne résoudra rien. "Le problème n'est pas de contenir les gens, c’est de leur permettre de rester chez eux. Il faut s’attaquer aux causes profondes de l’immigration, pas aux symptômes."
Un discours presque naïf aujourd’hui, tant il semble éloigné des préoccupations immédiates de la population.
Un consensus désenchanté : "On ne peut pas accueillir tout le monde"
Plus loin, un retraité exprime une résignation glaciale : "On ne peut pas accueillir tout le monde.
Même ceux qui travaillent ici ont du mal à se loger."
Les mots tombent, froids et inévitables. Dans ce contexte, les frontières ne sont plus seulement des lignes sur une carte, elles deviennent des murs invisibles dressés entre l’Europe et ses idéaux.
Sources : Europe1
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