Le retour des peines planchers : un fantasme punitif partagé par 82 % des Français
Entre désir de répression et sentiment d’impuissance, une majorité écrasante de Français réclame le rétablissement des peines planchers
Le spectre du rétablissement
Le Rassemblement National envisage, avec une certaine satisfaction, de remettre sur la table le rétablissement des peines planchers lors de sa niche parlementaire du 31 octobre 2024.
Pour certains, c’est une simple formalité.
Le sondage CSA réalisé pour CNews, Europe 1 et le JDD le prouve : 82 % des Français soutiennent cette mesure, dans une tentative désespérée de restaurer un semblant de sécurité à travers la punition automatique.
Une mesure déjà enterrée
Les peines planchers, instaurées en 2007 sous Sarkozy, abrogées sept ans plus tard sous Hollande, visaient principalement les agressions contre les représentants de l’autorité publique.À l’époque, Christiane Taubira, dans une tentative d’humanisme désabusé, défendait l’individualisation des peines pour réduire la récidive. Dix ans plus tard, cette vision est balayée par un élan punitif. La clameur populaire préfère la rigidité, la punition systématique, la sécurité illusoire d’une peine automatique.
Une opinion publique fragmentée
Si 82 % des Français se disent favorables au retour des peines planchers, l’analyse des chiffres révèle des disparités intrigantes.Moins de femmes (81 %) que d’hommes (83 %) soutiennent la mesure. Les jeunes, quant à eux, sont beaucoup moins enclins à adopter cette posture : seulement 58 % des 18-24 ans sont pour.
On observe une montée progressive de l’adhésion avec l’âge, atteignant un sommet chez les 50-64 ans, à 89 %. Le passage du temps engendre-t-il cette fascination morbide pour la répression ?
Une fracture sociale évidente
La division est aussi socioprofessionnelle.
Les CSP+ sont les plus favorables au retour des peines planchers (85 %), une curiosité lorsqu’on se rappelle que cette catégorie ne subit que marginalement la délinquance quotidienne. Les CSP- et les inactifs, plus exposés à cette réalité, affichent un soutien légèrement moindre, mais toujours majoritaire, autour de 78 %.
La violence institutionnalisée attire ceux qui n’en connaissent que la menace distante.
CSP+...CSP- ?
CSP+ est un terme qui désigne les catégories socioprofessionnelles supérieures. Il regroupe les individus occupant des positions sociales élevées, généralement dans des métiers qui exigent un haut niveau de qualification et de responsabilités. Cela inclut notamment les cadres, les professions libérales, les chefs d'entreprise, les ingénieurs, les chercheurs, et certains enseignants.
Les CSP+ se distinguent des CSP- (catégories socioprofessionnelles inférieures), qui regroupent les ouvriers, les employés, et les personnes avec des niveaux de qualification et de revenus plus modestes.
Un clivage politique exacerbé
L’adhésion aux peines planchers devient un marqueur politique.
À gauche, la méfiance prédomine : seulement 63 % des sympathisants écologistes et 64 % des partisans de La France insoumise souhaitent leur retour.
À droite, c’est l’unanimité presque totale : 98 % des Républicains sont en faveur des peines minimales, dans un élan de certitude qui frôle l’aveuglement.
Le Rassemblement National n’est pas en reste, avec 93 % de ses partisans soutenant fermement le projet. Ce retour aux peines planchers semble symboliser une société en quête d’autorité, d’ordre et de contrôle, là où elle n’a plus de prise.
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Source : LeJDD.fr
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