CNews relance le débat : Un ministère de l’Immigration comme solution ?
Un sondage opportun dans un climat anxiogène
Le 13 septembre 2024, CNews, toujours en quête de sujets polémiques, a mis en ligne un sondage simple, presque naïf dans sa formulation, mais chargé d’une intensité politique inégalée : « Faut-il créer un ministère de l’Immigration ? ».
La question, posée ainsi, plonge immédiatement dans l’abîme des tensions sociales qui lacèrent la France depuis des années.
Une réponse immédiate s’impose : actuellement (le 14/09 à 7 heures) 62 % des participants, la majorité silencieuse qui murmure souvent dans l’ombre, se déclarent favorables à cette création, tandis que 38 % s’y opposent.
Ce sondage, au-delà des chiffres, traduit la fracture indélébile dans le corps social, où l’immigration n’est plus simplement un sujet de débat, mais une plaie ouverte qui refuse de cicatriser.
Retour sur une histoire de contrôle et de rejet
L’idée d’un ministère de l’Immigration n’a rien de nouveau.
On l’avait déjà vue apparaître sous Nicolas Sarkozy, en 2007, avec un ministère au nom évocateur : Immigration, Intégration, Identité nationale et Développement solidaire.
Sous couvert de gestion, il portait en lui une obsession latente pour le contrôle de l’autre, de l’étranger, cet élément perturbateur dans un paysage national figé dans une nostalgie révolue.
Brice Hortefeux et Éric Besson, dans une gestuelle administrative, ont tenté d’incarner cette politique jusqu’à sa dissolution sous François Hollande en 2010.
Mais l’idée, tapie dans l’ombre, attendait son heure pour ressurgir.
Ressusciter un ministère, mais à quel prix ?
Pourquoi revenir à un tel ministère ? Peut-être pour répondre à une soif de centralisation, pour rétablir un semblant de contrôle sur des flux migratoires qui, pour une partie de la population, semblent déborder d’un cadre déjà trop fragile.
Un ministère unique permettrait, dit-on, de rationaliser les décisions, de coordonner intégration et sécurité, deux termes qui, curieusement, se retrouvent souvent en contradiction dans le débat public.
Mais le passé récent nous rappelle les dérives : stigmatisation, amalgames, une gestion administrative de l’immigration qui se confond avec une surveillance constante de ceux qu’elle désigne comme « autres ».
Le piège des réponses simplistes à des problèmes complexes
Le rétablissement de ce ministère pourrait bien apaiser les angoisses superficielles d'une partie de la population, offrir une illusion de contrôle, mais à quel prix ? En 2007, la France s'était déjà aventurée sur cette pente dangereuse, associant immigration et identité nationale, une fusion toxique qui, plutôt que de rassembler, a divisé davantage.Aujourd’hui, dans un contexte où chaque fait divers alimente la peur et la suspicion, la création d’un tel ministère risque de ne faire qu’accroître les tensions. L’immigration, comme une maladie incurable, serait gérée, mais jamais soignée, toujours repoussée, surveillée, instrumentalisée.
Le débat qui déchire l’esprit français
Alors que les résultats du sondage de CNews continuent d’alimenter la machine médiatique, une réalité s’impose : la question de l’immigration n’est plus simplement une question de politique, c’est un symptôme de la décomposition d’une société en quête de sens.
Faut-il réellement un ministère pour régler une question aussi profondément enracinée dans la psyché collective ? Ou est-ce simplement un moyen de reporter encore et toujours la résolution d’un problème qui dépasse largement les frontières administratives ?
L’avenir de ce débat s’annonce houleux, et l’immigration, plus que jamais, reste le sujet central des crispations politiques françaises.
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