Le retour des galets volés : un geste insignifiant dans une société en décomposition
À Étretat, des touristes renvoient par courrier des galets ramassés en 2009. Une prise de conscience tardive, aussi vaine qu’anecdotique, révélant l'absurdité de notre époque.
Un courrier venu de nulle part, pour un geste qui n’a plus de sens
Il y a quelques jours, l'association Étretat Demain, dédiée à la préservation du littoral, a reçu une enveloppe aussi inattendue qu'absurde.
À l'intérieur, quatre petits galets prélevés sur la plage d’Étretat, en 2009, par une touriste soudainement frappée par une soudaine et tardive prise de conscience.
Elle explique les avoir retrouvés lors d’un déménagement, comme on exhume un souvenir gênant, une faute qu’on aurait aimé oublier.
Un documentaire et une morale d'après-coup
La lettre accompagne ces fragments de roche. L’expéditrice, sans doute influencée par le documentaire d’Hugo Clément sur le surtourisme et l'impact destructeur des réseaux sociaux, a estimé qu’il était temps de se repentir.
Voici comment le « tourisme Instagram » abîme les falaises d’Étretat.
— Hugo Clément (@hugoclement) May 9, 2024
300 kg de galets ramassés chaque jour en été !
Rendez-vous dans #SurLeFront ce lundi 13 mai à 21h sur France 5 pour découvrir notre enquête « Les réseaux sociaux vont-ils tuer le tourisme ? » pic.twitter.com/l28BLdMjR8
Son geste ? Renvoyer ces galets à leur place d’origine, comme si ce retour pouvait compenser l’érosion de toute une époque où le tourisme saccage les paysages au nom de la consommation de masse.
Une société qui confond le symbolique et le réel
« Bien qu’un peu vaine, il est important pour moi que ce geste soit accompli », écrit-elle, espérant secrètement laisser une empreinte dans « l’inconscient collectif ». Le grand drame de notre époque est peut-être ici, dans cette croyance naïve en l’importance de gestes dérisoires.
Qu'espérait-elle ? Que ses galets changent la donne, que le monde devienne subitement plus conscient, plus respectueux ? La réalité est plus cruelle.
Les galets, bien sûr, ont été redéposés sur la plage, par l’association. Un geste inutile pour une cause déjà perdue.
Un problème bien plus profond
La pratique du ramassage de galets, rappelons-le, est interdite.
Elle contribue à l’érosion du littoral, à la dégradation lente mais certaine de lieux autrefois sauvages, désormais soumis aux assauts d'un tourisme de masse aussi destructeur qu’inconscient.
Et pourtant, malgré les panneaux et les avertissements, la plupart des visiteurs continuent, par ignorance ou par indifférence.
L’association Étretat Demain espère que cette histoire ridiculement symbolique ramènera l’attention sur cette pratique. Mais il est peu probable qu’un tel geste parvienne à inverser la tendance.
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